Le caractère écologique des marchés aux puces et des friperies
Le premier marché aux puces auquel je me suis rendue avait été installé dans le parc situé en face de l’école primaire que je fréquentais. C’était un petit rassemblement de vendeurs loquaces. La plupart des étals vendaient des jouets, des souvenirs recyclés et des meubles solitaires (oui, solitaire est le mot). J’aimais ces jouets que je ne trouvais pas dans les magasins normaux. De plus, j’étais fasciné par la façon dont leur surface reflétait la lumière du soleil filtrée par les branches au-dessus des étals.
En grandissant, j’ai eu la chance de visiter plusieurs autres marchés aux puces dans tout le pays et le continent, littéralement. Cependant, mon intérêt ne se porte plus sur les jouets mais surtout sur les livres d’occasion. Et la fascination que je tirais de la lumière du soleil filtrée par les branches a partiellement laissé place à quelques plaintes causées par d’éventuelles insolations ou à la découverte surprenante de mes boucles gelées.
Ce qui m’est resté en tout cas, c’est le sentiment de donner une nouvelle vie. Un nouveau départ aux objets éparpillés sur les étals. Aujourd’hui, en tant que jeune femme intéressée par les questions de durabilité et de zéro déchet, je ne peux m’empêcher d’associer les marchés aux puces à l’une des multiples formes d’activités durables et écologiques que nous pouvons pratiquer.
Voyons pourquoi.
Qu’est-ce qu’un marché aux puces ou une friperie ?
Les marchés aux puces et les friperies sont des marchés de rue et des magasins qui vendent différents types de marchandises d’occasion. En particulier, on installe les premiers généralement sur des places ou dans des rues traversant des centres historiques et, selon l’endroit, comptent de 10 à 200 vendeurs et plus.
Leurs marchandises sont des objets de collection, des antiquités, des meubles vintage ou rétro, des vêtements anciens, des livres anciens ou d’occasion, des accessoires, des articles ménagers et décoratifs, de l’artisanat local et ethnique, des pièces détachées et presque tout ce que vous pouvez avoir envie d’acheter en dehors de la nourriture.
Le concept ultime de ces marchés et magasins est que nos déchets peuvent être le trésor de quelqu’un d’autre. Et si cette personne est suffisamment créative, elle peut réutiliser ces déchets et acquérir une nouvelle âme originale.
Le sens environnemental des marchés aux puces et des friperies : réutiliser, recycler et… réduire !
Impact positif :
D’un autre point de vue, on peut facilement affirmer que les marchés aux puces et les friperies ont un impact positif important sur l’environnement. En effet, en donnant une autre utilité à un objet que quelqu’un n’utilise plus, tout acteur impliqué dans un marché aux puces met aussi indirectement l’accent sur la valeur que cet objet a encore. Il réattribue un sens à un objet qui ne semblait plus pouvoir en avoir.
Il n’est peut-être plus utile pour la personne qui l’a gardé. Mais il peut encore jouer un rôle dans la vie d’autres personnes. Ce faisant, les vendeurs et les acheteurs permettent essentiellement le développement d’un modèle de consommation durable. Ce dernier est axé sur la réutilisation plutôt que sur l’élimination inutile et la pollution.
Si l’on considère l’ensemble des significations de la durabilité, celle-ci est d’abord stratégique en termes de protection de l’environnement. Cela signifie que même si tous les acheteurs n’achètent pas délibérément des articles d’occasion pour agir de manière durable, leurs actions sont de petits gestes qui contribuent à réduire les déchets.
Ainsi, jour après jour, la quantité d’objets jetés dans les décharges ou un peu partout diminue. Et il y a de fortes chances qu’ils n’aient pas un impact environnemental énorme. En d’autres termes, nous ne tomberons pas sur la vieille collection de vinyles cassés de nos grands-parents échoués sur la plage. Mais elle sera peut-être acquise par une autre personne qui pourra en faire de manière créative un certain nombre de sacs.
Les avantages durables des marchés aux puces et des friperies
La dimension économique des marchés aux puces et des magasins d’occasion ne peut évidemment pas être ignorée. S’il peut être difficile de trouver des centaines d’affaires lorsqu’il s’agit d’antiquités, les objets que vous trouvez sur les étals sont normalement bon marché tout en conservant un certain niveau de qualité. Cela vous donne la possibilité d’économiser de l’argent. Ou d’en gagner davantage dans les années à venir si vous êtes tombé sur une affaire spéciale. Si nous saisissons le sens fondamental du terme “durabilité”, nos finances nous en seront certainement reconnaissantes.
Pourtant, ces marchés comportent de nombreux autres avantages durables à un niveau plus personnel. La satisfaction déclenchée par les transactions économiques est un aspect positif. L’un des autres aspects positifs que tous les participants aux marchés soulignent est leur influence bénéfique sur l’imagination. Pourquoi l’imagination ? L’acte d’acheter un objet d’occasion et/ou artisanal peut vous aider à comprendre l’importance de la création et de l’élimination de l’objet lui-même.
Comprendre :
Réfléchir au processus de création vous permet de comprendre comment on utilisent les matières premières pour créer cet objet, ainsi que le temps et les étapes nécessaires pour l’assembler.
Pour ce qui est de l’élimination, le nombre impressionnant de choses que l’on peut trouver sur les étals ne peut qu’attirer l’attention : souvenirs, vêtements, accessoires, livres, CD, coutellerie, vases, meubles, un truc, deux trucs, trois trucs. Cette situation suscite quelques questions : Combien produit-on de choses inutilement chaque année ? Combien de choses jetons-nous nonchalamment ? Et pourquoi sont-ils si nombreux ?
Mais sur une note plus positive, on peut déclencher l’imagination à un autre niveau. Qu’en est-il de la personne qui possédait cet objet ? C’est évidemment différent pour chacun en fonction de sa sensibilité, mais j’ai toujours trouvé fascinant de s’interroger à ce sujet. Comment ont-ils obtenu cet objet ? Pourquoi ne le possède-t-elle plus ? Quel genre de souvenirs et d’histoires conserve-t-il ? Je m’interroge à ce sujet chaque fois que j’achète un vieux livre et que je trouve une inscription sur la première page. En plus de considérer les livres comme de merveilleux cadeaux, je pense personnellement que l’acte d’écrire des inscriptions est encore plus significatif, c’est pourquoi ils laissent toujours libre cours à mon imagination.
Impact social :
Par ailleurs, les marchés aux puces et d’occasion peuvent avoir un impact social important sur les communautés locales. Comme nous l’avons vu, ils ont généralement lieu dans les centres historiques. Comme on a abandonné certains centres historiques, ces marchés peuvent devenir une excellente occasion de les redécouvrir et de les repeupler tout en soutenant les activités et les services locaux.
Communauté signifie aussi réseau, et la visite des marchés peut en effet être importante pour renforcer votre réseau. Les vendeurs et autres acheteurs peuvent très bien avoir une certaine expertise dans un domaine. Dont vous êtes soit un expert, soit un amateur. Vous avez ainsi la possibilité de rencontrer des personnes partageant les mêmes idées que vous. Avec lesquelles vous pouvez échanger votre expertise et votre savoir-faire. Vous pouvez ainsi apprendre d’eux quelque chose dont vous n’auriez jamais imaginé l’existence. Et qui sait combien d’autres opportunités peuvent naître de telles rencontres !
Normaliser les objets de seconde main
Malgré ces avantages, la normalisation des objets de seconde main reste problématique, qu’il s’agisse de cadeaux ou d’objets personnels. Les réactions que je reçois habituellement lorsque j’interagis avec des personnes qui sont totalement opposées aux objets de seconde main vont du regard “elle doit être sans le sou” au silence complet accompagné d’un regard de dégoût. Et même si je pense que c’est un point de vue biaisé, je le comprends. Dans certains cas, la sensibilité ne pousse pas sur les arbres non plus. Et nous sommes ici pour sensibiliser les gens, n’est-ce pas ? C’est une chose sur laquelle nous devrions tous travailler.
Il est évident qu’on doit évaluer l’achat d’objets d’occasion au cas par cas mais il faut le normaliser. Je ne vois pas ce qu’il y a de dégoûtant dans le fait d’acheter un vieux livre.
De plus, il est vrai que l’on ne peut pas trouver tout ce que l’on cherche. D’un autre côté, l’impact positif de ces marchés est indéniable. Ils aident vraiment les gens à redécouvrir une approche plus durable de la vie sous plusieurs angles différents.
En somme, les marchés aux puces m’ont aidé à ré-attribuer une valeur aux choses. Ainsi qu’à leur processus de création et d’élimination. Pour moi, c’est l’endroit où l’on peut vraiment ressentir l’histoire des objets et leur impact sur nos vies. Je pense qu’il pourrait être inclus dans ce que l’on peut considérer comme le “starter pack écologiste”.